A$AP Ferg a été indéniablement le rappeur le plus remarqué de l’excellente mixtape Lord$ Never Worry des A$AP Mob sortie Aout 2012. Un an après, avec entre temps le succès de leur fer de lance A$AP Rocky avec l’albumLong.Live.ASAP en début d’année, Ferg est le second membre du groupe harlémite à se lancer dans l’aventure en major avec Trap Lord. Autant vous prévenir tout de suite, ce gaillard-là est bien moins lisse que les cheveux défrisés de Rocky.
Sans suspens, A$AP Ferg fait dans le style trap muzik instauré à NYC par les Dipset, mais à sa sauce. "Let It Go", le terrible single "Shabba Ranks", "Hood Pope" ou encore l’égotrip "Fergivicious" (et pas ‘licious’, attention hein) nous dégomment les tympans comme c’est pas permis. Les plus réfractaires (comme moi) à la trap muzik pourrait se laisser séduire par les beats relativement obscurs des divers inconnus non moins doués qui ont contribué à ce disque (Chinza, Frankie P, Snugsworth, Ozhora Miyagi…). Mais le plus balèze c’est bien Ferg. Il adapte son phrasé comme il veut derrière ses dents en or, possède une panoplie de gimmicks, chantonne si ça lui chante, et surtout, il est tellement hardcore qu’à côté de lui A$AP Rocky passe pour Vincent McDoom. Dans un rap game où chaque rappeur est le roi de quelque chose, A$AP Ferg impose ce nouveau statut de Lord avec fermeté. Hors de question de jouer les starlettes mainstream qui fait du shopping à ne pas savoir quoi se mettre. C’est plutôt le genre de type qu’il ne faut pas regarder de travers, une tension palpable règne sur Trap Lord. Il incite à la haine et à la jalousie, et s’en amuserait sur "Dump Dump", gueulant qu’il a baisé la salope d’un mec (sur le précédent titre "420", humide et hot comme entre deux cuisses).
La nouvelle génération a sa place sur cet album. Sur le remix de "Work" (un des titres les plus ouf de Lord$ Never Worryen passant) défile le très nul French Montana, A$AP Rocky évidemment, Trinidad James et un Schoolboy Q en forme. Plus Waka Flocka Flame qui se présente sur "Murda Something" (prod Rico Love & Jim Jonsin). Mais les jeunes rappeurs se font piquer la vedette par plus expérimentés qu’eux : les Bone Thugs N Harmony prennent pratiquement toute la longue de "Lord" (à noter un Bizzy Bone olympique) et les Onyx ainsi que B-Real distribuent de gros coups de pied au cul sur "Fuck Out My Face". Franchement ce Trap Lord, on ne l’a pas vu venir.
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