Le natif du Mississippi a négocié avec brio le virage du second album nous dirigeant vers l’univers d’où il vient, Cadillactica. On peut d’ailleurs faire le parallèle entre ce passage et celui de Southernplayalisticadillacmuzik au classique ATLiens des Outkast. Il semblerait que le destin de Big K.R.I.T. soit en train de se réaliser.
Life from the Underground, son premier album et un des meilleurs du cru 2012, a permis pour KRIT de prendre le large et de la hauteur par rapport à tous les jeunes loups débarquant du Dirty South. Le rappeur-producteur a concentré tout son talent afin de confirmer son statut de Prince du Sud, malgré quelques petites lacunes encore. Sur cette suite, il va beaucoup plus loin, il prend plus d’espace et de dimension. Les trois premiers morceaux repartent du moment de la création, parti de rien pour donner un sens à sa vie à travers la musique rap. Le big bang surgit des TR808 avec ses rythmiques etcowbells caractéristiques (« My Sub part 3 » et ses bruits nocturnes) pour enfin atterrir fraîchement sur l’immense « Cadillactica » (produit par DJ Khalil et DJ Dahi). Et Big K.R.I.T. va encore plus loin puisqu’il s’auto-proclame « King of the South« , titre prédestiné qu’il se dispute face à des géants comme Bun B, Scarface, Ludacris… ou bien sûr T.I. qui possède le trône actuellement. Big K.R.I.T. fait campagne avec son accent du sud provincial et son rap bluesy. Il est maintenant prêt à conquérir plus de territoires, vous l’appellerez bientôt King K.R.I.T.
Cadillactica se veut plus mélodique que son prédécesseur et Big KRIT n’hésite pas à mettre l’accent sur le blues-rock. Pour ce faire, il a fait appel à Raphael Saadiq sur le single « Soul Food » et Jamie N Commons sur « Saturday = Celebrations« . Son flow est moins hésitant, son chant plus maîtrisé comme le démontre très bien sur le refrain de « Third Eye« . La formule de ses beats n’ont fondamentalement pas changé (« Mind Control » qui rappelle son ancien single « Money on the Floor« ), on kiffe ses morceaux bien laid-back comme « Mo Better Cool » qui sample du Barry White, avec en prime les légendes de Houston Devin the Dude et Bun B. Sur une thématique plus social, Lupe Fiasco vient apporter sa parole au débat sur « Generation Lost« . Pourtant Big KRIT ne produit pas 100% de son disque. Par exemple « Angels » c’est Terrace Martin qui régale et les couleurs californiennes sont fortement appréciables. Notre sudiste s’essaie même au r&b, et le résultat est très convaincant, que ce soit le single « Pay Attention » (produit par Rico Love et Jim Jonsin) dans le genre contemporain, ou plus ‘traditionnel’, le slow-jam « Do You Love Me » qui passe crème.
La comparaison avec ATLiens des Outkast n’a rien de hasardeux. Comme Andre et Big Boi, le King Remembered in Time avance vers un style de rap qui lui ressemble plus, plus mûr et qui s’éloigne peu à peu des standards qui l’ont hautement influencé, incluant notamment les UGK. Il y développe un univers un brin mélancolique, plus mélodique avec des choix artistiques plus risqués mais très ancrés dans ses gènes musicaux comme le Blues. Comme ATLiens. Mais ce qui a motivé réellement Big KRIT a réaliser ce second album, ce fut ce sursaut d’orgueil en réponse au couplet de Kendrick Lamar sur « Control » avec « Mt Olympus » :
« Now they wanna hear a country nigga rap
5 albums in, I swear a country nigga snap
Thought they wanted trap, thought they wanted bass
Thought they wanted molly, thought they wanted drank
Fuck them niggas, now they wanna hear a country nigga rap »
Les chanceux qui possèderont la version deluxe pourront profiter de l’excellent « Lac Lac » avec A$AP Ferg, morceau qui tournait déjà en boucle depuis plusieurs mois. Cadillactica est typiquement le genre d’album qui va prendre de la valeur au fil et s’apprécier au fil du temps.
Vous n'êtes pas autorisé à poster des commentaires
Se connecter | S'inscrire