Diamond D est en quelque sorte le ‘D’ du légendaire crew new-yorkais des D.I.T.C. (‘Diggin in the Crates’ pour les non-connoisseurs), un collectif qui, durant la seconde moitié des années 90 jusqu’en 2000 où est paru leur album éponyme, rassemblait des légendes telles que Big L (RIP), Fat Joe, Showbiz & Andre the Giant, O.C. et les producteurs Lord Finesse, Buckwild et donc Diamond D.
Le groupe a bien tenté une percée huit ans plus tard avec The Movement, malheureusement l’aspect légendaire appartenait déjà au passé, le D.I.T.C. n’est pas une institution comme le Wu-Tang. Les membres (Fat Joe évidemment, Diamond D,…) avaient cependant plus d’écho sur leurs projets solos ou en binôme (Buckwild avec Celph Titled, Oasis d’A.G. & O.C.). Diamond D, quant à lui, est revenu pour la rentrée 2014 avec The Diam Piece, un album suspendu en ce temps où le rap était respecté pour le fond et la forme.
Un album, ou plutôt une compilation vu la liste conséquente de guests? Les deux : le format de The Diam Piece est celui d’un album de producteur. Et c’est Pharoahe Monch qui a l’honneur d’ouvrir ce disque en donnant tout de suite le niveau de emceeing. On aperçoit les vieux amis Fat Joe et A.G. dispersés sur la trackliste parmi tout un tas d’autres vétérans, comme Freddie Foxx (« It’s Nothin« ), Masta Ace (« Ace on Diamond« ), excellent comme d’hab, on assiste même au retour des Pharcyde (« Hard Days« ), hélas sans leur éclat de jadis. La Westcoast est représentée également Kurupt et les Alkaholiks sur le titre sans alcool « We Are The People of the World« . Les meilleures connexions se trouvent en plage 2 avec Skyzoo, Elzhi et Talib Kweli (« Where’s The Love« ) et en plage 8 avec le trio féminin Rapsody/Boog Brown/Stacy Epps (« Pump Ya Brakes« ) qui nous offrent de moments de rap à l’état brut. Bien vu l’apparition des Step Brothers Evidence et Alchemist sur « It’s Magic » et l’association entre Ras Kass et Guilty Simpson sur « 187« .
Diamond D rappe en solo sur plusieurs morceaux alors qu’on préfère sa casquette de producteur. On a toujours des trucs à apprendre de sa science du beat et des samples, des infrabasses aussi. Néanmoins tout ça manque de renouvèlement, les très nombreux instrumentaux (19 au total) ont l’air tout fatigués. Il en profite pour faire rapper d’autres producteurs qu’on n’a pas l’habitude d’entendre très souvent, comme Pete Rock (« Only Way To Go« ), Nottz (« Vanity« ), Scram Jones (« I Ain’t The One To Fuck With« ), Kev Brown (« Let The Music Talk« ) et Hi-Tek (« Handz Up« ). Si cela part d’une bonne idée, au micro leurs performances, elles, demeurent relativement faibles, soyons honnêtes deux minutes.
Triste constat : The Diam Piece est moins brillant et trépidant qu’on pouvait le souhaiter. C’en est très frustrant de se dire qu’un tel producteur comme Diamond D n’est plus dans le coup. Cette expérience rappelle avec amertume que perdurer est quelque chose d’extrêmement difficile. Est-ce que ça vaut la peine de faire du rap « comme avant » (ou « pour les vieux » tant qu’à faire) aujourd’hui? Si ce n’est pour la beauté du geste…
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