Ils étaient six dans les années 90, ils n’étaient plus que deux en 2008, DJ Paul et Juicy J, rappeurs et producteurs des Three 6 Mafia, fondateurs du label Hypnotize Minds, les Last 2 Walk (les deux derniers à marcher, NdT), le titre pour un neuvième et ultime album d’un groupe mythique arrivé en bout de chemin. Le départ de Juicy J en 2011 sonna le glas des Triple Six en tant que tel.
Les mois passent, quand Lord Infamous, un des anciens membres, discute avec DJ Paul d’une réunion des membres originels. Le plus dingue, c’est que cinq répondent à l’appel : DJ Paul, Infamous, Gangsta Boo, Crunchy Black et Koopsta Knicca. Pas Juicy J qui se concentre davantage sur sa carrière solo (il est signé sur Taylor Gang, le label de Wiz Khalifa). La formation porte un nom remodelé : Da Mafia 6ix. Trop « beau » (on parle d’un groupe horror-core rappelons-le) pour être vrai? DJ Paul balance la mixtape 6ixCommandments et le public répond présent. Le projet fera une percée remarquée dans les charts hip-hop. Hélas, Lord Infamous décède quelques mois après la sortie, arrêt cardiaque, il venait d’avoir 40 ans. Puis la rappeuse Gangsta Boo décide de ne pas poursuivre l’aventure. Hors de question d’abandonner en l’honneur de celui qui a fait renaître les Three 6 de leurs cendres, Da Mafia 6ix continue et enchaîne les projets, dont une nouvelle mixtape et un album collaboratif avec le Insane Clown Posse baptisé The Killjoy Club.
Grâce à sa structure Scale-a-ton (« skelethon »), DJ Paul lance enfin le premier album des ex-Triple 6 depuis sept ans, Watch What You Wish. Il trouve du soutien parmi de vieilles connaissances comme la rappeuse La Chat et le rappeur Fiend (No Limit, Jet Life) qui font plusieurs apparitions. Leur apport est substantiel. Le fantôme de Lord Infamous hante cet album de couplets posthumes, ce qui ironiquement renforce le côté glauque de Da Mafia 6ix. Les prods de DJ Paul sont toujours aussi efficaces, intégrant finement des éléments trap qui ne dénaturent pas du tout leur son originel. Bien au contraire, on assiste à une forme de retour aux sources avec des instrumentaux crunk cryptique à mort. Il faudrait remonter au moins à Da Unbreakable pour retrouver une telle ambiance.
Dix-neuf morceaux, cela peut sembler interminable vu la densité et la régularité de Watch What You Wish. S’il fallait retenir une poignée de titres, je dirai « Forever Get High« , très typique, « Mosh Pit » (avec les ICP et Lil Wyte), « No Good Deed« , « Hundid Thou Wow » et « 50 Bands« . Notre bande de morts-vivants de Memphis ne sont pas prêt d’être enterrés.
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