David Blake, 44 ans, véritable légende vivante du rap westcoast, vient de signer son neuvième album The Midnight Life sur son label Mad Science Recordings. Pour être franc, cet album n’est pas du niveau de The Book of David qui avait mis la barre très haut en 2011, mais il distille de savoureuses mélodies tempérées et des beats laid-back typiques. On va bien finir par connaître son secret de longévité.
La première pensée que j’ai eu en écoutant « That N****’z Crazy » est cette impression d’entendre un beat de Dr Dre. Mais le docteur vend des pommes donc fuck Detox. Le ton insolent et les lyrics crus de DJ Quik font sourire, l’homme n’a pas changé depuis ses débuts. C’est peut-être pour ça que son rejeton qui apparaît dès la troisième piste (« Back That Shit Up« ) ne brille pas des masses sur les instrus de son père (« That Getter« , « Shine« ), qui lui, se met plus en retrait du micro. Blake Junior est un des points faibles de The Midnight Life. L’ombre de son géniteur est bien trop opaque pour lui, il n’en a pas hérité de son talent non plus.
L’autre point faible – tant qu’à parler des choses qui fâchent un poil – provient d’expérimentations musicales hasardeuses, comme « The Conduct » avec Mack 10. « Trapped on the Tracks » (avec Bishop Lamont dont on attend toujours The Reformation) par contre est totalement démente : un bass-beat puissant en down-tempo avec en fond sonore un sifflet de train mêlé à des cuivres, redoutable. DJ Quik était extrêmement inspiré sur Book of David, il l’est juste moins sur cet opus. Voire passablement sur « That Getter » et « Shine« , qu’il a laissé pour son rejeton (il ne mérite pas mieux comme instrus de toute façon). Ce qui ne nous empêche nullement de profiter de l’ambiance décontractée de « Life Jacket » avec le pimp Suga Free et Dom Kennedy, « Back That Shit Up » et « Pet Semetary » avec ses agréables mélodies de guitares. C’est pour ça, et comme ça, qu’on aime le son californien !
Malgré ce coup de mou, Quik n’a rien perdu de sa capacité à innover sans arrêt, à évoluer par petites touches. Il est tellement respecté que personne ne cherche à l’imiter. Il démontre une fois encore l’étendue de son génie avec les purs instrumentaux « EI’s Interlude » avec monsieur El DeBarge en personne, « Bacon’s Groove » et le 9e mouvement de « Quik’s Groove« . Et quand sa casquette repasse de producteur à rappeur, son côté gangsta s’exprime à nouveau avec cette impertinence qui le caractérise. C’est dans ces moments-là qu’on se rappelle qu’il vient de Compton.
Les nuits d’Automne sembleront plus douces et tièdes avec The Midnight Life entre les oreilles. Il suffit de se passer « Why’d You Have to Lie » et « Fuck All Night » et les soirées paraîtront vite moins fraîches huhu. Conseillé pour la ride évidemment, mais on évitera quand même de rouler les fenêtres ouvertes avec ces températures.
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