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RAP LORD

JOEY BADA$$ « B4.DA.$$ » @@@@½

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  • ven 06 févr. 15 - 04:13
  • Genre: music
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Le hip-hop new-yorkais s’apprête à vivre à nouvelle ère. C’est le sentiment bruyamment sourd que j’ai avant même de poser l’oreille sur B4.DA.$$ (wordplay: « before the money »). Sans doute la pochette qui provoque cet effet. Mais quand on sait de quoi Joey Bada$$ est capable, on a très envie de prendre très au sérieux cet espoir que ce jeune homme va apporter à New-York de meilleurs lendemains, plus que le Wu-Tang en tout cas.

Petite parenthèse, Joey est signé que Cinematic Music Group, le label et société de management chez qui Big K.R.I.T. et Mick Jenkins sont sous contrat. On ferme la parenthèse.

Chut, ça commence. Frémissement sur le morceau d’ouverture « Save the Children« , avec ces cuivres étincelants dénichés par Statik Selektah. C’est beau comme un aurore. La suite n’en sera que meilleure, avec de suite après « Paper Trail$ » qui a inspiré le nom de l’album. DJ Premier, pas franchement au top par les temps qui courent, est particulièrement inspiré pour le choix du sample de violon qui convient parfaitement à la grisaille hivernale. Au-délà de la présence de Primo, le symbole d’un passage de témoin, d’un adoubement de ce jeune MC de vingt ans, un enfant des nineties que l’âge d’or du hip hop a vu naître dans les quartiers de Brooklyn. Cela explique le goût immodéré de Joey Bada$$ pour les instrumentaux jazzy à souhait, ce qu’on appelle parfois chill-hop. Ne cherchez pas de banger mainstream, très peu de featurings (on notera la perf hors-norme de Raury sur « Escape 120« , sorte de nouveau Andre3000), pas de refrain r&b à la « Marie couche-toi là » ou d’autotune, B4.DA.$$ est revenu à la source : que du sampling, des beats qui font cracher les watts et des scratches, l’essentiel. Ses beats, il a été les chercher auprès de Statik Selektah, Freddie Joachim, Hit-Boy, Samiyam, Kirk Knight et Chuck Strangers (membres de son crew des Pro Era) et même à la famille de J Dilla pour sur le somptueux « Like Me« , retravaillé par les Roots et avec l’indispensable BJ The Chicago Kid. Les saveurs sont authentiques.

Joey Bada$$ a une ouïe très fine mais surtout un flow et un style à lui seul, avec des intonations très roots dans sa voix. C’est une énergie, une présence, des rimes goudronnées qui retracent son parcours pour s’échapper de l’emprise du ghetto (« Belly of the Beast« ) pour arriver à des envies de grandeur (« Hazeus View« ). Il s’est appliqué et impliqué très sérieusement par rapport à ses premières mixtapes pour faire mieux que ce qu’il a fait jusqu’alors. Plus incroyable, ce rookie déjà très mature a réussi là où de nombreux rappeurs de la Grand Pomme, jeunes premiers comme indécrottables vétérans, se sont cassés les molaires. Combien nous a-t-on dit « on va ramener le hip-hop »? combien de fois y a-t-on cru? Que de promesses…  Quand « n°99 » vient faire secouer les boîte crâniennes, la filiation avec les Natives Tongue est évidente avec ce son à le légendaire « What’s the Scenario« , plus de vingt ans séparent ces deux morceaux. Joey se hisse-t-il en nouveau leader de la old school? Non, c’est un juste retour des choses, la nature cyclique.

« Curry Chicken » conclut magnifiquement cet ouvrage, grâce à un Statik Selektah en excellente forme après un What Goes Aroundqui a marqué les esprits l’an passé. Les deux morceaux bonus (avec des apparitions de Elle Varner et Action Bronson) n’ont rien d’optionnels. Gageons que Joey reste le même quand il comptera les présidents morts. Ouaip, il y a des chances que les choses changent. De bon augure pour 2015.

 

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