Cinq ans que Ludacris n’avait pas sorti d’album, le rappeur d’Atlanta nous avait laissé sur le souvenir du très moyen Battle of the Sexes. Une carrière qu’il a mise entre parenthèses au profit de sa carrière d’acteur, catapultée grâce à la franchise Fast & Furious, dont la sortie du 7e volet Furious 7 coïncide avec celle de ce 9e album Ludaversal. Voilà Chris Bridges maintenant face à un gros défi : le come-back.
Surtout que, bon, c’était pas gagné d’avance. Son single avec Usher produit par David Guetta « The Rest of my Life » (2012) a refroidi tout le monde après avoir fait renaître l’espoir avec sa mixtape 2.21 Gigawatts : Back to the First Time. Le DJ français était méga-hype il y a quelques années avec les stars du rap et r&b cainri, c’était comme vivre un cauchemar éveillé, et voir Luda y succomber était une profonde déception. Si sa mixtape était un retour aux sources salvateur, il fallait remonter le temps jusqu’en 2008 pour retrouver un album de Ludacris avec Theater of The Mind et son casting cinq étoiles. Les mois passent et pas de Ludaversal, ni date de sortie, ni annulation. Jusqu’à ce que le petit papa Noël débarque Décembre dernier avec un joujou extra, l’EP Burning Bridges dans sa hotte.
Revenir dans la compétition s’annonçait rude, c’est pourquoi Luda a musclé ses rimes et son flow comme son physique (le mec a fait de la gonflette). Comme le veut la tradition, le morceau d’intro est patate à souhait (merci David Banner pour l’instru) et assome ses détracteurs en déballant son impressionnant CV qui vaut son pesant d’or et de platine. On notera cette rime typique de sa part « They like « Luda why you rapping so fast? » I’m like « Bitch why you listen too slow? »« . Ludacris n’a pas de problème pour assumer son statut d’icône hip-hop internationale pourvu qu’il a de gros beat derrière (Illmind et les 1500 or Nothing sont dans le coup) comme c’est le cas sur « Beast Mode« , « Call Ya Bluff » et « Blame It on the Rap Game« . Sur chaque couplet il mise sa crédibilité par rapport à celles de la concurrence, avec plus d’expérience et de maturité que par le passé. L’autre bombe de l’album « Come and See Me » avec Big K.R.I.T. (Mike Will l’a faite la prod), avec une vibe dans la continuité de la mixtapeBack to the First Time (2011), est précédé d’un interlude très classe signé DJ Toomp, classe pour ne pas dire « currensy-esque », à l’image de la pochette où l’Acura Legend attend à côté du jet privé.
La seconde partie de Ludaversal contient plusieurs titres cross-over de très bon goût. On connaissait déjà son impeccable single « Good Lovin » avec Miguel, maintenant on a droit au soulful « Not Long » avec Usher (sans David Guetta cette fois, on soupire de soulagement). Quant à « Ocean Skies« , il s’agit simplement du morceau le plus personnel de la carrière de Ludacris puisqu’il évoque la disparition de son père alcoolique. Dommage que le refrain de Monica vienne gâcher le contexte dramatique. Cet album est très, très sérieux mais ce ne serait pas un album de Luda s’il n’y avait pas d’interlude humoristique (« Viagra skit« ) ou de titre délirant « Get Lit« , abus d’alcool, d’herbe et de grosses basses bien graves. Pour le finish, c’est Just Blaze qui s’y colle – finisseur d’album est une de ses spécialités en même temps – en utilisant un sample de « Human Nature » pour donner de la grandeur l’égal de l’homme qu’est Christopher Bridges aujourd’hui. En prime, on a droit à un speech du légendaire Big Rube de la Dungeon Family.
Ludaversal est un disque très très costaud et moins commercial qu’attendu, plus personnel aussi, et surtout sincère. Ludacris est revenu à son meilleur niveau, toujours fidèle à son personnage, la sagesse de surcroît. Si vous n’avez pas eu l’occasion de jeter une oreille sur Burning Bridges, les morceaux de cet EP figurent en bonne place en bonus track sur la version deluxe de l’album.
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