La saga continue pour T.I.. L’un des rappeurs les plus influents des régions Sud a mis son label Grand Hustle et sa carrière en jeu après la sortie de Trouble Man en 2012, en quittant sa maison de disque Atlantic. C’est finalement l’offre de la major Columbia, filiale de Sony, que T.I. a accepté, conseillé par un certain Pharrell Williams, lui-même en contrat solo chez cette maison. Entre Pharrell et lui, c’est une longue histoire : les Neptunes avaient aidé le jeune défricheur de la trap music à se faire un nom dans le Dirty South en produisant le morceau-titre de son premier album I’m Serious en 2001 et ils n’ont jamais cessé de travailler occasionnellement.
A la base, le chef de Grand Hustle avait prévu une suite au très apprécié Trouble Man: Heavy is the Head avec He Who Wears The Crown. Je ne sais pas si c’est la perte de son protégé Doe Bou son couple qui bat de l’aile (si vous avez suivi l’épisode houleux avec le boxeur Floyd Mayweather), mais il y a eu changement de programme : ce nouvel opus est une autre suite, celle de Papertrail. Besoin de vous rafraîchir la mémoire? « Swagger Like Us » avec Jay-Z, Lil Wayne et Kanye West, et cet horrible sample de O-Zone utilisé pour le mégahit « Live Your Life » avec Rihanna… Ça y est, ça vous revient? Papertrail est le second volet d’une trilogie en ‘paper’, et l’omniprésent Pharrell Williams sert de producteur exécutif.
Premier morceau, « King« , le troisième du nom dans sa discographie. Instrumental conquérant, des orgues pour la vibe sudiste, Clifford Premier n’est pas près de vouloir stopper son règne. Suit « G Shit« , première collaboration de l’album avec Pharrell, avec la participation de Jeezy (sans le young) en featuring. Drôle de beat, pour ne pas dire exotique, pour un titre qui se vend gangsta. « Oh Yeah » est assez originale également, Pharrell utilise un sample de choeur criant ‘oh yeah’ ainsi que des gimmicks du rappeur DMX, le tout sur une rythmique trap. Changement radical de ton sur le morceau-titre « Paperwork« , petite ballade doucereuse etpeace à la guitare sèche avec un refrain passablement agaçant de monsieur Williams. Il faut savoir que T.I. a souhaité de la part de l’homme au grand chapeau de créer des instrus spécialement pour lui, Jay-Z fait le même genre de demandes au super-producteur. D’habitude,Pharrell confectionne des chansons de son côté (avec refrain en option) et propose à qui ça plaît. Là, cette méthode de travaille fonctionne une fois sur deux. « Light’em Up« , qui rend hommage à son protégé disparu Doe B, s’intègre très bien dans la seconde partie Paperwork, plus réussie, plus ‘rap’ pourrait-on dire.
T.I. s’endort sur ses lauriers, et ce n’est pas la première fois que ça lui arrive.
Paperwork est un disque loin d’être cohérent. Entre une connexion avec le rappeur Young Thug(la nouvelle sensation d’Atlanta au blase très… « commun ») et son single « No Mediocre » avec sa protégée, la très critiquable Iggy Azaela, sur un beat du producteur du moment à savoir DJ Mustard (YG, Tinashe, Ty Dolla Sign…), le rappeur de Bankhead s’adonne à la pop avec « New National Anthem » (avec la chanteuse Skylar Grey), en réaction aux récents événements de Ferguson, et verse dans du r&b de bonne facture sur « Private Show » avec le justiciable Chris Brown. Ses propos aussi sont très contradictoires. T.I. est un doux/dur. Un coup il essaie de recoller les morceaux avec sa femme sur « Stay« , un autre il met en garde les filles sur la track « trap’n'b » « At Your Own Risks« , prêt à prédater avec Usher tout ce qui a de belles courbes.
Heureusement la seconde partie de l’album est plus consistante avec des titres sérieux comme « Light’em Up« , « About My Issues » (avec le californien Nipsey Hussle) et « On Doe, On Phil » avec sa signature texane Trae Tha Truth. Sans doute que l’apport de son producteur de toujours DJ Toomp y est pour quelque chose. T.I. est meilleur lorsqu’il prend ses airs de hustler prêt à régler ses comptes. Hélas, Tip manque d’enfoncer le clou, la faute à un dernier morceau « Let Your Heart Go » (avec le procuteur/chanteur The-Dream) mélangeant r&b et pop. Symptôme de cette schizophrénie depuis T.I. vs T.I.P… T.I. s’endort sur ses lauriers, et ce n’est pas la première fois que ça lui arrive, en plus d’avoir pris des risques inutiles. Son statut de King of the South risque de lui glisser des doigts avec l’arrivée du nouvel album album de Big K.R.I.T le 10 Novembre…
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